La spiritualité cistercienne

L’office

Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange. Ce verset du psaume 50 lancé comme une flèche en début de journée délivre tout le sens de notre office liturgique. L’orientation est donnée : sept fois par jour, au son de la cloche nous allons lâcher nos occupations pour célébrer ensemble le Bien-Aimé, Lui permettre d’habiter le temps, tout le temps.

Au cœur de l’Eglise, nous n’existons que pour louer Dieu parce qu’il est Dieu, répondre par la gratuité de notre chant à son amour toujours prévenant.

Ecouter la Parole de Dieu pour qu’aujourd’hui encore le Verbe prenne chair, porter devant Dieu les intentions de tous nos frères les hommes, solidaires de leur joies comme de leurs peines, voilà notre vocation.
Prier comme on respire au plus secret du Père, du Fils et du Saint-Esprit, « pour que le monde soit plus beau quand le soleil le regarde ».


La lectio

blauvac scriptoriumL’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu », réplique Jésus à Satan qui lui propose de changer des pierres en pain.

Les moines et les moniales ont choisi de faire de la Parole de Dieu leur pain quotidien. Tôt le matin, ils scrutent les Ecritures dans le désir d’entendre Dieu leur parler. Leur Bible une fois refermée, ils emportent avec eux un mot, une phrase, une image, petie bouchée de pain qui va alimenter la mémoire du cœur à travers l’ordinaire du jour : travail, rencontres, silence, prière. Quand Dieu voudra, comme Il Lui plaira, ces quelques miettes deviendront source de vie. Voilà ce que nous appelons dans notre jargon « lectio divina ».

Ensemble, acceptons de nous laisser bousculer par la rencontre de Jésus, comme la Samaritaine au bord du puits de Jacob : « Si tu savais le don de Dieu ».

Tous, nous sommes assoiffés de vie, de vérité, de bonheur. La source coule, abondante, venez vous y désaltérer. Risquez-vous à ouvrir une Bible et lisez-la comme une lettre d’amour que Dieu vous adresse personnellement.


Les grands auteurs cisterciens

Jésus est du miel dans notre bouche, une mélodie à nos oreilles, un élan de joie pour notre cœur. » Comment ne pas reconnaître ici le style de Saint Bernard commentant le Cantique des Cantiques ? Qui dit cistercien pense inévitablementà ce géant auquel le XII siècle doit tant … Mais Saint Bernard n’est pas le seul représentant de la tradition cistercienne. Dans les premières années qui ont suivi la fondation de Cîteaux, une floraison d’auteurs a vu le jour :

Gilbert de Hoyland
Ælred de Rielvaulx
Jean de Ford
Guéric d’Igny
Isaac de l’Etoile

blauvac famille viergepour ne citer que quelques uns aux noms évocateurs du Moyen-Age. Le développement de l’ordre cistercien fut marqué au XVII siècle par l’Abbé de Rancé : nous lui devons l’appellation trappiste.

Aujourd’hui encore la tradition monastique se conjugue avec dons littéraires. Thomas Merton, issu du continent américain, est certainement le plus connu des cisterciens du XX siècle. Si vous souhaitez savoir comment est vécue notre charisme au présent, risquez-vous à ouvrir un ouvrage de Dom André Louf ou encore « Le bonheur en Dieu » de Dom Gérard Dubois.

Et si le souffle prophètique ne vous fait pas peur, tentez l’aventure avec nos frères de Tibhirine, assassinés en Algérie en 1996. Avec leurs écrits en cours de publication, vous sentirez passer le feu de l’Amour de Dieu tel que nous désirons le vivre ici et maintenant. Bonne lecture !