AVENT
ATTENTE DU SEIGNEUR QUI VIENT
Les cisterciens, comme les moines dans leur ensemble, se sont montrés particulièrement sensibles au Mystère de l'Avent, célébration du Seigneur qui vient.
Au long de ces semaines préparatoires à Noël, découvrons quelsqeus aspects de ce riche patrimoine.
Saint Bernard
De Saint Bernard, nous avons sept sermons pour le temps de l'Avent regroupés dans son commentaire de l'Année liturgique, et un autre qui nous est parvenu de façon détachée. Le cursus des Sermons pour l'Année nous offre une pédagogie de l'Avent, dont vous pouvez avoir ici un aperçu.
Premier sermon pour l'Avent
Aujourd'hui, frères, nous célébrons le commencement de l'Avent.
Ce nom, assurément - comme celui des autres solennités - est familier et connue de tout le monde ;
mais la raison de ce nom - avent, avènement - ne l'est peut-être pas autant.
Mais que célébrons-nous dans l'Avent ? Telle est le propos de ce premier sermon : comprendre ce que nous vivons, dépasser les évidences pour entrer dans l'intelligence de l'expérience liturgique qui nous est proposée. Car beaucoup restent à la surface des choses :
Malheureux fils d'Adam, en effet : une fois oublié leur soin à rechercher ce qui est vrai, ce qui conduit au salut, ils se mettent bien plutôt en quête de réalités périssables et passagères.
A qui assimilerons-nous les hommes de cette génération, à qui les comparerons-nous quand nous voyons qu'on ne peut ni les enlever ni les arracher aux consolations matérielles de la terre ?
Je les comparerai aux gens qui se noient.
A ceux qui ont choisi de dédier leur vie à la recherche du Seingeur, ceux qui se tiennent devant lui, mais tout lecteur aussi en quête de sens et de vérité, Bernard offre un itinéraire :
Pour vous donc, mes frères, vous à qui, comme à de petits enfants, Dieu révèle les choses qui sont cachées aux sages et aux prudents du monde, appliquez avec une attention sans défaut à ce qui apporte vraiment le salut. Pesez avec soin la raison de cet avènement ; demandez-vous
qui est celui qui vient,
d'où il vient et où il vient,
en vue de quoi,
quand et par quelle voie.,
Louable et salutaire est cette curiosité, car l'Eglise ne célébrerait pas le présent Avent avec tant de ferveur, s'il ne contenait pour nous quelque grand mystère.
Bernard va donc s'attacher à traiter point par point et dans l'ordre chacune de ces interrogations. Rejoignons-le lorsqu'il aborde la question du moment : quand le Sauveur est-il advenu ? quand vient-il ?
Le Sauveur est venu non pas au commencement ni au milieu du temps, mais à la fin.
Vraiment avec sagesse, la Sagesse a pris ses dispositions pour apporter son secours juste au moment où il serait le plus nécessaire : elle n'ignorait pas que les fils d'Adam sont enclins à l'ingratitude. Oui, en vérité, le soir tombait et le jour touchait à son terme, le Soleil de justice avait plus ou moins disparu, au point qu'il ne restait sur la terre que bien peu d'éclat et de chaleur. Effectivement, la lumière de la connaissance de Dieu s'était considérablement réduite, et, par suite de l'iniquité croissante, la ferveur de la charité s'était refroidie. L'ange avait cessé d'apparaître et le prophète de parler, comme s'ils étaient vaincus par la désespérance, face à l'extrême dureté des hommes et à leur obstination. « Alors moi », dit le Fils, « maintenant j'ai dit : voici, je viens. »
C'est à ce moment de triomphe du matérialisme, d'athéisme pratique et d'égoïsme érigé en idéologie que le ciel, qui n'intéresse plus que pour la météo, s'ouvre. Le "meilleur moment" pour Dieu, c'est celui où son salut est le plus nécessaire :
De fait, la plénitude et l'abondance des réalités temporelles avaient entraîné un oubli et une pénurie quant aux réalités éternelles.
C'est donc très à propos qu'advint l'éternité au moment où les réalités éphémères s'imposaient davantage.
Ayant donc traité ces questions, il reste la dernière : par quelle voie le Seigneur vient-il ? Sa venue appartient-elle seuelement à l'histoire passée, comme un fait qui s'est produit il y a deux mille ans dans un obscur village du Proche Orient ? Non, dit Bernard : si le Seigneur est venu une fois pour toute dans la chair, prenant place dans l'Histoire de l'humanité, chaque jour il vient par l'esprit dans nos intériorités et nos histoires personnelles :
Il ne reste qu'une question : par quelle voie vient-il ? D'elle aussi il faut s'informer avec soin, pour que nous puissions, ainsi qu'il convient, courir à sa rencontre.
De même qu'il est venu une fois sur la terre, dans une chair visible, pour opérer le salut au milieu de la terre, de même vient-il aussi chaque jour dans l'Esprit, invisiblement, pour sauver l'âme de chacun.
Cet avèment spirituel qui s'offre chaque jour à notre liberté, en toute discrétion, nous aiguillonne :
Point n'est besoin pour toi, ô homme, de traverser les mers, de pénétrer dans les nuées, de franchir les alpes.
Elle n'est pas longue, dis-je la voie qui t'est montrée :
avance jusqu'à toi-même pour rencontrer ton Dieu,
avance jusqu'à la repentance profonde du cœur et jusqu'à la confession que prononce la bouche,
pour sortir au moins du fumier de ta conscience misérable.
Bernard de Clairvaux, Sermons pour l'Année, Sermon 1 pour l'Avent
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Deuxième sermon pour l'Avent
Troisième sermon pour l'Avent
