NOTRE DAME DE BON SECOURS
SAINTE MARIE, MERE DE LA PROVIDENCE
Comme tous les monastères de l'Ordre depuis la fondation de Cîteaux (1098), notre communauté est placée sous la protection de la Vierge Marie, désignée sous un vocable qui souligne un aspect ou un autre de son histoire et de sa mission. Pour nous, c'est "Notre Dame de Bon Secours", dont la mémoire est le 24 mai.

Sous ce titre, on célèbre le rôle que Dieu, dont la Providence ne se trompe jamais en ses desseins, a confié à la Vierge Marie, d'être :
- la mère du Christ, car la Vierge Marie a enfanté Jésus, le Sauveur du monde ;
- la mère prévoyante des hommes, que le Christ en croix lui a recommandés avant de mourir ;
- la femme attentive, qui à Cana a prié en faveur des époux, et qui maintenant qu'elle est au ciel à la droite de son Fils, vient en aide aux besoins de tous les hommes.
La Vierge Marie est donc appelée "mère de la divine providence", parce que Dieu, dans sa providence, nous l'a donnée comme une mère prévoyante, qui nous pouvoirait des biens du ciel par son intercession. A l'image de Dieu, qui ne peut oublier son peuple, bien mieux : qui le console comme une mère, la Vierge Marie prend pitié de nous, intercède pour nous, vient en aide à tous les besoins de l'Eglise et nous remplit de consolation.
Encouragés par la protection d'une telle mère, les fidèles peuvent trouver en temps voulu la grâce de Dieu et, selon le précepte du Seigneur, en cherchant avant tout le royaume de Dieu et sa justice, ne manquer jamais du secours ici-bas.
« Seigneur, notre Dieu, nous en appelons à ta providence qui jamais ne se trompe en ses desseins :
par l'intercession de la Vierge Marie, mère de ton Fils,
tout ce qui fait du mal, écarte-le,
et donne-nous ce qui peut nous aider. »
Oraison de la messe votive de Notre Dame de Bon Secours
Deux sanctuaires sont particulièrement dédiés à Marie comme Mère du Bon Secours, celle qui nous aide :
- le sanctuaire de Marie Auxiliatrice à Turin (Italie), car Saint Jean Bosco lui a dédié son œuvre au service de la jeunesse ;
- le sanctuaire de Notre Dame de Sheshan, en Chine.
Les cisterciens se sont volontiers tournés vers la Vierge Marie, et composé de nombreuses prières.
Voici par exemple la célèbre invocation de Bernard de Clairvaux :
« Regarde l'Etoile, invoque Marie.
En la suivant, on ne dévie pas.
En la priant, on ne désespère pas.
En pensant à elle, on ne se trompe pas.
Si elle te tient par la main, tu ne tomberas pas.
Si elle te protège, tu ne craindras pas.
Si elle est avec toi, tu es sûr d’arriver au but.
Marie est cette noble étoile dont les rayons illuminent le monde entier,
dont la splendeur brille dans les cieux et pénètre les enfers.
Elle illumine le monde et échauffe les âmes.
Elle enflamme les vertus et consume les vices.
Elle brille par ses mérites et éclaire par ses exemples.
Ô toi qui te vois ballotté au milieu des tempêtes, ne détourne pas les yeux de l’éclat de cet astre si tu ne veux pas sombrer.
Si les vents de la tentation s’élèvent, si tu rencontres les récifs des tribulations, regarde l’étoile, invoque Marie.
Si tu es submergé par l’orgueil, l’ambition, le dénigrement et la jalousie, regarde l’étoile, crie Marie.
Si la colère, l’avarice ou les fantasmes de la chair secouent le navire de ton esprit, regarde Marie.
Si, accablé par l’énormité de tes crimes, confus de la laideur de ta conscience, effrayé par l’horreur du jugement, tu commences à t’enfoncer dans le gouffre de la tristesse, dans l’abîme du désespoir,
pense à Marie.
Que son nom ne quitte pas tes lèvres, qu’il ne quitte pas ton coeur et pour obtenir la faveur de ses prières, n’oublie pas les exemples de sa vie. »
Saint Bernard, Sur les gloires de la Vierge Marie, Homélie II, 17
Mais cette manière de s'adresser à Marie est bien plus ancienne : on connaît des inscriptions grecques désignant la Mère de Dieu comme "Secours, AUxiliaire", et Saint JEan CHrysostome, patriarche de Contantinople, fut le premier Père de l'Eglise à promouvoir ce titre d' «Auxilaire, Secours » des chrétiens.
Le concile Vatican II a précisé à nouveau de rôle de Marie dans l'économie du salut :
« 60. Marie, servante du Seigneur
Unique est notre Médiateur selon les paroles de l’Apôtre : « Car, il n’y a qu’un Dieu, il n’y a aussi qu’un Médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s’est donné en rançon pour tous » (1 Tm 2, 5-6). Mais le rôle maternel de Marie à l’égard des hommes n’offusque et ne diminue en rien cette unique médiation du Christ : il en manifeste au contraire la vertu.
Car toute influence salutaire de la part de la bienheureuse Vierge sur les hommes a sa source dans une disposition purement gratuite de Dieu : elle ne naît pas d’une nécessité objective, mais découle de la surabondance des mérites du Christ ; elle s’appuie sur sa médiation, dont elle dépend en tout et d’où elle tire toute sa vertu ; l’union immédiate des croyants avec le Christ ne s’en trouve en aucune manière empêchée, mais au contraire favorisée.
61. Marie, l’associée du Seigneur
La bienheureuse Vierge, prédestinée de toute éternité, à l’intérieur du dessein d’incarnation du Verbe, pour être la Mère de Dieu, fut sur la terre, en vertu d’une disposition de la Providence divine, l’aimable Mère du divin Rédempteur, généreusement associée à son œuvre à un titre absolument unique, humble servante du Seigneur. En concevant le Christ, en le mettant au monde, en le nourrissant, en le présentant dans le Temple à son Père, en souffrant avec son Fils qui mourait sur la croix, elle apporta à l’œuvre du Sauveur une coopération absolument sans pareille par son obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité, pour que soit rendue aux âmes la vie surnaturelle. C’est pourquoi elle est devenue pour nous, dans l’ordre de la grâce, notre Mère.
62. Marie, Mère de la grâce
À partir du consentement qu’elle apporta par sa foi au jour de l’Annonciation et qu’elle maintint sous la croix dans sa fermeté, cette maternité de Marie dans l’économie de la grâce se continue sans interruption jusqu’à la consommation définitive de tous les élus. En effet, après l’Assomption au ciel, son rôle dans le salut ne s’interrompt pas : par son intercession multiple, elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel. Son amour maternel la rend attentive aux frères de son Fils dont le pèlerinage n’est pas achevé, et qui se trouvent engagés dans les périls et les épreuves, jusqu’à ce qu’ils parviennent à la patrie bienheureuse. C’est pourquoi la bienheureuse Vierge est invoquée dans l’Église sous les titres d’avocate, auxiliatrice, secourable, médiatrice, tout cela cependant entendu de telle sorte que nulle dérogation, nulle addition n’en résulte quant à la dignité et à l’efficacité de l’unique Médiateur, le Christ.
Aucune créature en effet ne peut jamais être mise sur le même pied que le Verbe incarné et rédempteur. Mais tout comme le sacerdoce du Christ est participé sous des formes diverses, tant par les ministres que par le peuple fidèle, et tout comme l’unique bonté de Dieu se répand réellement sous des formes diverses dans les créatures, ainsi l’unique médiation du Rédempteur n’exclut pas, mais suscite au contraire une coopération variée de la part des créatures, en dépendance de l’unique source.
Ce rôle subordonné de Marie, l’Église le professe sans hésitation ; elle ne cesse d’en faire l’expérience ; elle le recommande au cœur des fidèles pour que cet appui et ce secours maternels les aident à s’attacher plus intimement au Médiateur et Sauveur.
63. Marie, modèle de l’Église
La bienheureuse Vierge, de par le don et la charge de sa maternité divine qui l’unissent à son fils, le Rédempteur, et de par les grâces et les fonctions singulières qui sont siennes, se trouve également en intime union avec l’Église : de l’Église, comme l’ enseignait déjà saint Ambroise, la Mère de Dieu est le modèle dans l’ordre de la foi, de la charité et de la parfaite union au Christ. En effet, dans le mystère de l’Église, qui reçoit elle aussi à juste titre le nom de Mère et de Vierge, la bienheureuse Vierge Marie occupe la première place, offrant, à un titre éminent et singulier, le modèle de la vierge et de la mère : par sa foi et son obéissance, elle a engendré sur la terre le Fils lui-même du Père, sans connaître d’homme, enveloppée par l’Esprit Saint, comme une nouvelle Ève qui donne, non à l’antique serpent, mais au messager de Dieu, une foi que nul doute n’altère. Elle engendra son Fils, dont Dieu a fait le premier-né parmi beaucoup de frères (Rm 8, 29), c’est-à-dire parmi les croyants, à la naissance et à l’éducation desquels elle apporte la coopération de son amour maternel. »
Concile Vatican II, constiution dogmatique Lumen Gentium, § 60-63